Primark : tournant éco-responsable ou green washing ?
L’enseigne Primark, qui a commencé son implantation dans l’hexagone en 2013, compte aujourd’hui vingt enseignes sur le territoire. La marque est réputée pour vendre des vêtements à petits prix, d’où sa grande popularité. L’enseigne Irlandaise a également fait parler d’elle, de manière plus controversée cette fois, lors de l’effondrement de l’usine textile du Rana Plaza, située au Bangladesh. Une catastrophe ayant causé plus d’un millier de morts. En effet, malgré la succès story de l’enseigne low-cost, nous sommes en droit de nous interroger sur les conditions de travail pour produire une aussi grande quantité de textile a si bas prix, ainsi que sue l’impact environnemental d’une telle production. Comment la célèbre enseigne irlandaise parvient à rester populaire malgré les polémiques sur la production de masse ?
Une stratégie marketing à succès
À chaque nouvelle ouverture d’un magasin Primark, l’histoire se répète : une longue file d’attente interminable, les clients repartant avec de grands sacs en kraft recyclé imprimé du logo…
L’enseigne a trouvé sa stratégie pour séduire sa clientèle :
- des prix faibles toute l’année (en moyenne de 3 à 10 euros par article),
- un large choix de produits (prêt-à-porter, accessoire, cosmétique végan, chaussure, literie).
Il est en effet très rare d’y trouver un vêtement à plus de 20 euros. Le succès de l’enseigne se base avant tout sur les prix attractifs. Pour parvenir à proposer des tarifs low-cost, Primark a décidé de faire des économies sur la communication. En effet, la marque ne communique pas, à l’exception des réseaux sociaux. Bien que la vente en ligne soit en forte croissance au fil des années, Primark ne possède pas de boutique en ligne.
Pour réduire les coûts, la griffe irlandaise produit en masse sa collection dans les pays où le prix de la main-d’œuvre est faible, notamment au Bangladesh. L’utilisation du fret maritime permet à Primark de réduire de manière considérable ses coûts, tout en réduisant les émissions de carbone.
Une production de masse au détriment de l’environnement
Bien que Primark vend des produits low-cost, ce système cache en réalité une production de masse. En effet, produire en grande quantité nécessite une immense utilisation de matières polluantes pour l’environnement, sans oublier l’augmentation conséquente d’émission de carbone. L’industrie textile est l’un des responsables du désastre environnemental dans le monde. Pour rappel, 1 kilo de coton nécessite plus de 5000 litres d’eau, sans compter l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques.
Selon le rapport de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) concernant l’impact sur l’environnement lié à l’industrie textile :
- Environ 100 milliards de textiles sont vendus chaque année dans le monde entier,
- l’industrie textile est le 3ème plus grand consommateur d’eau dans le monde après la culture du blé et du riz,
- la production de textile utilise 4 % de l’eau potable disponible dans le monde,
- 1,2 milliard de tonnes de carbone sont émises chaque année par l’industrie textile.
Ces chiffres sont liés à la surconsommation, plus particulièrement le textile jetable. Le site d’informations Novethic décrit l’ampleur du gaspillage vestimentaire avec ces quelques chiffres : 70 % des vêtements présents dans nos placards ne sont pas portés. Chaque année, un Français achète près de 9kg de vêtements, portés en moyenne environ 7 à 10 fois.
En Europe, environ 4 millions de tonnes de textiles sont jetées par an, dont à peine 20 % des vêtements sont recyclés. Les 80 % restants finissent aux déchets vestimentaires ou brûlés.
Primark se lance dans le textile écoresponsable grâce au coton durable
D’ici 2022, Primark compte établir une formation visant à utiliser des techniques de culture responsable. Plus de 160 000 agriculteurs sont concernés par ces nouvelles méthodes. L’enseigne irlandaise souhaite mettre en avant l’utilisation du coton durable, mais pas du bio, car trop couteux. Afin de réduire l’impact environnemental de la production de coton, Primark a opté pour une du coton écoresponsable.
L’enjeu du projet est de réduire la consommation d’eau et l’utilisation de pesticides. Une initiative ayant pour objectif d’avoir un impact positif sur l’environnement, mais également pour améliorer la qualité de vie des producteurs dans le monde. En effet, la marque travaille avec les experts agricoles de CottonConnect et la Self-Employed Women’s Association (SEWA) afin de former des femmes à ces pratiques.
Le leader irlandais a pris conscience des conséquences catastrophiques de la production de masse. Mais cela n’est toujours pas suffisant pour diminuer l’impact sur l’environnement. En effet, de grands efforts doivent également se faire du côté des consommateurs. Pour rappel, plusieurs tonnes de vêtements sont jetées chaque jour sans pouvoir être recyclées. Pourtant, ces nombreux vêtements peuvent très bien être récupérés ou réparés.
Pour pallier le problème de surconsommation, il serait préférable d’opter pour les vêtements de seconde main. De cette manière, cela favorise une diminution de textiles jetés inutilement, mais également une baisse de production de masse dans le monde. En plus de réduire la demande de production de vêtements, acheter d’occasion permet d’éviter l’épuisement des ressources. En effet, en plus d’être néfastes pour l’environnement, certaines matières utilisées pour fabriquer les vêtements ne sont pas renouvelables.