Qu’est ce que le projet « aux arbres citoyens » qui a récolté près de 2 millions d’euros ?
Dans un communiqué enthousiaste, France Nature Environnement exprime sa joie face à l’exploit réalisé : plus de 1,8 million d’euros ont été réunis pour soutenir les forêts françaises. Cette réussite a été atteinte lors de l’émission spéciale « Aux arbres citoyens ! » diffusée sur France 2 et France Inter, orchestrée par les journalistes Hugo Clément et Léa Salamé.
C’est un accomplissement qui dépasse nos attentes et qui nous remplit d’espoir pour l’avenir de nos écosystèmes forestiers.
« Un Téléthon Engagé pour la Protection des Forêts : France Télévisions en Action »
France Télévisions a organisé une soirée spéciale en direct, une sorte de téléthon dédié aux forêts, où des dons ont été collectés pour soutenir des projets visant à protéger les forêts et à planter de nouveaux arbres en France métropolitaine et outre-mer.
Trois ans après l’émission « Pour la Terre », France Télévisions, en collaboration avec France Inter, a mis en place un programme environnemental ambitieux diffusé en heure de grande écoute, aspirant à réitérer le succès des Danois qui avaient réuni plus de 2 millions d’euros lors d’un événement télévisé pour la forêt en 2019. L’émission, animée par Hugo Clément et Léa Salamé, met en avant l’importance de mobiliser les citoyens pour la préservation des forêts.
Cette émission s’associe à France Nature Environnement: la FNE est une fédération reconnue d’utilité publique rassemblant des milliers d’associations et de bénévoles engagés sur le terrain pour défendre divers projets en faveur de la préservation des arbres. Il est possible de faire des dons directement sur leur site pour soutenir leurs initiatives.
La FNE affirme que l’argent récolté permettra de soutenir de nombreux projets variés :
- des initiatives pour une gestion forestière durable,
- l’acquisition et la préservation de terrains,
- la restauration basée sur la nature,
- des programmes pour préserver les paysages de bocage.
Les actions envisagées vont bien au-delà de la simple plantation d’arbres. En effet, Christophe Chauvin, responsable du réseau Forêts pour la FNE explique bien que la plantation d’arbres est souvent privilégiée dans les financements. Seulement, elle ne constitue pas l’outil principal de la gestion forestière, soulignant ainsi la diversité et la complexité des approches nécessaires pour préserver nos forêts.
Un événement caritatif dédié à l’écologie
L’émission dédiés à l’écologie aspirait à sensibiliser et éduquer sur les défis auxquels font face nos arbres et nos forêts. Elle a réuni d’éminents spécialistes forestiers tels que Francis Hallé, le biologiste Gilles Boeuf et Valérie Masson-Delmotte du GIEC.
Pour Hugo Clément, cet événement est un moyen de rassembler tous les Français autour de cette cause commune qui transcende les clivages. Les arbres et les forêts représentent un lieu de vie essentiel pour les humains et sont indispensables à notre survie climatique.
L’objectif est d’éveiller l’intérêt du public et de l’inciter à comprendre l’importance cruciale de cette mobilisation. Il s’agit aussi d’expliquer pourquoi la protection des forêts implique des investissements financiers, et comment mieux préserver nos arbres.
Chaque arbre joue un rôle crucial dans l’équilibre écologique. Chacun mérite que l’on se mobilise pour sa préservation, évitant ainsi qu’ils ne deviennent des variables ajustables pour des projets d’aménagement du territoire.
Francis Hallé, botaniste à Montpellier, résume la situation : « Mon parcours a commencé en 1960 par l’étude des forêts équatoriales. À cette époque, elles semblaient inépuisables, invincibles.
L’idée même que l’homme puisse les détruire aurait été absurde. Mais aujourd’hui, c’est presque un adieu, une situation désespérée. Cela me touche profondément de constater, au cours de ma vie, la disparition de toutes ces grandes forêts primaires de la Terre. Peut-être qu’il reste encore un mince espoir pour susciter enfin un intérêt collectif envers les forêts équatoriales… »
L’arbre incarne un symbole puissant de cette lutte pour la préservation de la vie
C’est un élément qui résonne universellement, au point que toute menace pesant sur les arbres est aujourd’hui ressentie avec une certaine intensité par la plupart des individus.
Désormais, l’arbre est perçu comme un être vivant à part entière, aussi fragile que nous, êtres humains. Comme le souligne Bruno Moulia, les arbres ont une mémoire et s’adaptent aux changements climatiques autant qu’ils le peuvent.
Alors qu’on les considérait autrefois simplement comme des éléments du paysage ou du patrimoine, les avancées scientifiques révèlent de plus en plus leur nature vivante et leur capacité à ressentir leur environnement. Aujourd’hui, l’arbre est pleinement intégré dans le tissu du vivant.
Gestion écologique à long terme, réhabilitation, préservation des paysages bocagers,…
Les initiatives financées doivent respecter des directives spécifiques et se concentrer sur des objectifs clés tels que :
- la gestion respectueuse de l’écosystème,
- le maintien des processus naturels dans la forêt,
- la préservation de la diversité des peuplements forestiers,
- la création ou la restauration d’écosystèmes forestiers et non forestiers,
- la sensibilisation du grand public.
En ce qui concerne toute action de plantation, les participants doivent adhérer aux recommandations définies par la FNE, notamment en ce qui concerne le choix des espèces d’arbres.
Notre forêt française montre des signes alarmants de dégradation
L’exploitation millénaire des forêts par l’homme pour ses besoins matériels a des répercussions indéniables sur leur état actuel. Ce “Téléthon” met en évidence ces réalités et nous alerte sur l’impératif de repenser la gestion de nos forêts à la lumière des changements climatiques.
Il nous incite à réévaluer les politiques de préservation des arbres, à comprendre les raisons pour lesquelles notre couverture forestière est gravement altérée, et à considérer que la destruction d’arbres peut être compensée écologiquement par des programmes de reboisement.
Notre étendue forestière est malade
Bien que la superficie ait considérablement augmenté au cours des dernières décennies, passant de 8,5 millions d’hectares en 1850 à 16,8 millions aujourd’hui, Laure Subirana souligne que cette croissance n’est pas un argument valable car la qualité de nos forêts est loin d’être satisfaisante. La santé des arbres se détériore continuellement, comme le révèlent les récentes découvertes montrant que la croissance de la forêt française ralentit.
Nos écosystèmes forestiers souffrent. Leur fragilité est accentuée par le changement climatique et l’influence de l’activité humaine sur ces écosystèmes.
« Préserver les anciens arbres : une priorité cruciale »
Hugo Clément souligne l’urgence de ne pas seulement se concentrer sur la plantation, mais aussi de préserver les arbres existants : « La quantité ne devrait pas primer sur la qualité. Planter des arbres n’est pas seulement une question de chiffres. Il s’agit plutôt de savoir quoi planter, où planter et de repenser notre relation avec nos forêts. Quelles forêts devons-nous protéger en évitant de les abattre ? »
Il met en avant le fait qu’une forêt nouvellement plantée nécessite des décennies voire jusqu’à un siècle pour fournir des services écosystémiques à la hauteur de nos besoins.
En revanche, les anciennes forêts, ayant pris des décennies pour se développer, devraient être préservées en priorité pour jouer leur rôle vital. En effet, elles se régénèrent plus rapidement et conservent une biodiversité au sol bien plus riche. Ces forêts ont toujours su se renouveler naturellement, sans l’intervention humaine. Elles sont donc efficaces dès maintenant et peuvent jouer un rôle cruciale si elles sont préservées dans les années à venir.